Vauxrezis : les origines du peuplement

Le néolithique.

Les origines du peuplement

    
    Pour comprendre l’histoire du peuplement de notre région et plus particulièrement du territoire de Vauxrezis, il est nécessaire de remonter le temps jusqu’au néolithique, puisque c’est à cette époque que tout s’est joué. Pour simplifier, le néolithique est la période pendant laquelle l’Homme se sédentarise, quitte son état de chasseur et de cueilleur et trouve plus commode de pratiquer l’élevage et l’agriculture. Ces nouvelles activités lui imposent alors une stabilité géographique. Avant le néolithique, on ne peut parler véritablement de villages ou de cités puisque les peuples migrent en permanence.

Néolithique, mais à quelle période ?

    Situer la période néolithique revient à l’étudier en fonction des différentes régions du globe. Les traces de sédentarisation les plus anciennes, en conséquence la construction des premières cités, se situent au Proche-Orient vers 9000 avant JC. En ce qui concerne notre région, l’Homme devient sédentaire beaucoup plus tard, vers 4000 avant JC. Ce nouveau mode de vie s’est donc développé depuis le Proche-Orient en gagnant nos régions soit par le Sud, soit par l’Est. L’apparition d’une économie de production, la fabrication de poteries, d’outils polis et leur exportation, s’est développée sous l’influence de différents courants économiques.

Pourquoi se sédentariser ?

      La sédentarisation ne semble possible que si le climat le permet. C’est-à-dire que le climat devenant plus clément et la végétation se développant, il n’est plus utile de parcourir de grandes distances pour trouver de la nourriture. On comprend alors pourquoi les Hommes ont créé les premières cités au Proche-Orient, là où le climat se montrait plus favorable. Parallèlement, l’élevage et l’agriculture permettent aux tribus de cette époque de s’assurer une alimentation plus régulière et de meilleures chances de survie. On cultive alors le blé, l’orge et on élève des porcs, des moutons et des bœufs.

Et Vauxrezis dans cette histoire ?

      Nous avons la chance de résider sur un site qui atteste encore aujourd’hui d’une forte activité néolithique ; n’ayons pas peur de dire que Vauxrezis est un cas tout à fait particulier. Pour bien comprendre ce qui s’est déroulé à l’époque, entre 4000 et 3000 ans avant JC, il faut fermer les yeux et imaginer les configurations du terrain et de la végétation : le climat est sensiblement proche de celui que nous connaissons, quelquefois avec des périodes froides de quelques dizaines d’années. La période glaciaire est terminée depuis 10000 ans. Les plateaux autour de Vauxrezis sont faits d’herbe broutée par les troupeaux de moutons et de chèvres sauvages, mais de grands espaces couverts de forêts persistent également. Les coteaux, moins accessibles pour les animaux, sont couverts de bois. Et surtout, il existe déjà une cité néolithique connue : celle de Villeneuve Saint-Germain (cette cité est l’ancêtre de la ville de Soissons). La présence d’une telle cité dans les environs favorise les échanges et le commerce. Les maisons de Villeneuve Saint-Germain sont vastes et abritent quelquefois une vingtaine de personnes. L’artisanat, l’agriculture et l’élevage s’y développent. 
Si les Hommes de l’époque s’installent sur le territoire de Vauxrezis, comme de façon certaine à Chavigny et à Tartiers (présence de dolmens aujourd’hui détruits), c’est parce qu’ils y trouvent les éléments nécessaires à leur vie quotidienne : des coteaux abrités du vent, exposés au Sud ou au Sud-Est, du bois en quantité pour le chauffage et de l’eau fournie naturellement par les sources. 

Où résidaient-ils plus précisément ?

Il n’est pas possible de dire à quel endroit ils ne se sont pas installés sur le territoire, mais on peut affirmer de façon certaine qu’ils habitaient au moins 3 sites. 

  • Villers-la-Fosse

    En ce qui concerne Villers-la-Fosse, la présence d’un tombeau (dolmen de la Pierre-Laye) ayant contenu une vingtaine de squelettes sur un dallage rustique atteste de façon certaine de l’installation d’une colonie sédentaire organisée à cet endroit. Il est facile d’imaginer dès lors que les habitants se situaient près des sources que nous connaissons, probablement dans la zone de Villers-le-Haut, site favorable aux abris naturels ou artificiels, bien exposés au soleil et protégés des vents du Nord. Notons également que cet endroit constitue un excellent point de vue pour observer les allées et venues amies ou ennemies. On imagine alors les activités agricoles et d’élevage, réparties sur les plateaux et dans les zones moins escarpées des coteaux. On imagine également les préoccupations moins matérielles et plus spirituelles de cette colonie, soucieuse d’assurer la survie de leur âme, grâce à des monuments, des rites et des symboles déjà religieux dont le dolmen constitue le plus beau témoignage encore existant.

  • La Carlette. 

    On y retrouve la présence de sources, la très belle exposition, la situation stratégique, mais pas de dolmen connu. Pourquoi alors affirmer que des Hommes ont habité là ? Tout simplement parce que La Carlette accueille au lieu dit « La poterie » (ce n’est pas un hasard), un site rare dans le monde, très mal connu, mais inscrit dans les écrits archéologiques du début du 20ème siècle sous le nom d’alignement de Cuisy-en-Almont. Il est situé au-dessus du dernier virage de la côte de la Carlette, à une quinzaine de mètres de la route actuelle, parallèle à celle-ci et s’étend sur une longueur de 131 mètres. Ce site a été découvert en 1911 par M. Brunehant et répertorié à la société archéologique de France. On ne connait pas actuellement sa signification, mais il est vraisemblablement, tout comme le dolmen de la Pierre Laye, en relation avec les rites funéraires de l’époque. Cet alignement n’était pas connu par le fait que les eaux de ruissellement l’avaient recouvert de terre en totalité. Si les pierres dressées ont été retirées pour permettre le passage de la charrue, les plus grandes dalles sont certainement demeurées intactes et selon les dires de la société archéologique : « Il serait intéressant de faire de nouvelles fouilles pour savoir si, sous ces groupes de pierres non rangées, bien différentes de celles dressées et alignées, on ne découvrirait pas des restes de sépultures à incinérations ou à inhumations. »

  • Sous la butte du gué.

    Il est possible également que la zone s’étendant au-dessus de l’actuel cimetière et le lieu-dit la butte du gué soit favorable à une installation humaine de par son exposition et la présence d’une carrière exploitée il y a fort longtemps et dans laquelle ont été retrouvés des ossements préhistoriques. Par ailleurs, certains documents du début du siècle prétendent que la pierre constituant la table du dolmen de La Pierre Laye serait issue de cette carrière dont ne subsiste aujourd’hui qu’une étroite ouverture.

 

 

 

 

Le dolmen de la Pierre Laye

 

 

 

 

 

alignement de Cuisy-en-Almont

 

En conclusion

    Ces vestiges, miraculeusement conservés ou dont l’existence a été notée au début du siècle passé, constituent (sans jeu de mot) les premières pierres de l’histoire de Vauxrezis. Ils témoignent directement de l’installation de la colonie humaine originelle de notre commune, de son développement économique et de son activité spirituelle. Au moment où nous pouvons communiquer par quelques clics à l’autre bout de la planète, nous avons donc l’immense chance de posséder aujourd’hui encore les traces de cette émouvante période d’histoire qu’a été la « naissance » de Vauxrezis.

 Rédacteur Joël Lévêque.